Si on rit beaucoup, on ne peut s’empêcher d’être apitoyé par ces gentils monte-en-l’air qui veulent juste sortir la tête hors de l’eau : payer les factures et, pourquoi pas, s’offrir un petit voyage. Petite merveille d’humour fin et dérisoire, le roman de Iain Levison met à jour la faillite d’une société où les plus belles espérances finissent par prendre l’eau.
27 mai 2009
Vogue la galère!...
Si on rit beaucoup, on ne peut s’empêcher d’être apitoyé par ces gentils monte-en-l’air qui veulent juste sortir la tête hors de l’eau : payer les factures et, pourquoi pas, s’offrir un petit voyage. Petite merveille d’humour fin et dérisoire, le roman de Iain Levison met à jour la faillite d’une société où les plus belles espérances finissent par prendre l’eau.
23 mai 2009
Le grand cirque de l’amour
L’Envers amoureux, Carlos Batista, Albin Michel, 240 p. (Article paru dans le Vif/L'Express du 22 mai 2009)
22 mai 2009
Spectre lumineux
Rose bonbon, noir goudron, Frank Andriat, Mijade, 190 p. (Article paru dans le Vif/L'Express du 22 mai 2009)
19 mai 2009
Envoûtement
Doit-on faire fi des accommodements auxquels les autres nous poussent, quitte à être détachés à tout jamais de la vraie vie ? Faut-il renoncer à ses rêves ou au contraire refuser d’en faire le deuil ? N’y a-t-il que cette solution : sombrer dans la folie pour respecter ses serments ? Avant toute chose, c’est la question de l’intégrité qui est posée dans ce magnifique roman à la fois lyrique et poignant. Si Basilio opère parfois les mauvais choix comme lorsqu’il intègre les faisceaux de combat, c’est toujours par amour et en gardant intacte sa probité.
Vincent Engel mêle subtilement les destinées individuelles au tumulte historique – en relatant entre autres l’atroce campagne d’Abyssinie à laquelle le médecin Pollini – un des personnages secondaires les plus réussis - est obligé de participer. Tout fait sens dans ce roman envoûtant d’où on sort grandi de savoir que quelques êtres purs et lumineux gardent intacts leurs rêves d’amour et de bonheur, et refusent de suivre la horde des humains tristes et serviles qui hantent les pages noires de l’Histoire. Tout n’est donc pas perdu…
La peur du paradis, Vincent Engel, Lattès, 403 p.
Un inédit enfin disponible
Les éditions Quai Voltaire ont l’heureuse idée de publier un inédit de Malaparte. L’auteur de Kaputt et de La Peau a laissé à sa mort en 1957 un texte magnifique enfin disponible.
Italie, 1943. Mussolini renversé, les Alliés débarquent en Calabre. Malgré l’inutilité de l’entreprise, un groupe de 15 hommes tentent de résister aux forces alliées. Tous tombent sauf Calusia, un soldat bergamasque qui promet à son lieutenant sur le point de mourir de ramener sa dépouille à Naples. Paysan volontaire, droit et courageux, Calusia entreprend son périple et croise sur sa route des villages abandonnés, des femmes qui fuient le sud, des scélérats à qui profite le crime. Merveille de concision, de pudeur et de lucidité, le roman présente des images quasi cinématographiques de l’exode de tous ces crève-la-faim. Est-ce parce que l’auteur est passé du fascisme à l’extrême-gauche qu’il réussit à parler aussi justement d’engagement ?...
Le Compagnon de voyage, Curzio Malaparte, traduit de l’italien, Quai Voltaire, 112 p. (Article paru dans le Vif/L'Express du 8 mai 2009)
Réédition
Mariée à Jean depuis six ans, Marie est à l’image de ce que la société attend d’elle, et elle y trouve son compte : femme au foyer sagement efficace, elle accomplit les menus travaux domestiques sans déplaisir et, en épouse dévouée, prend un soin tout particulier à ce que Jean ne manque de rien. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Si chez Voltaire l’expression est teintée d’ironie, point de causticité chez Bourdouxhe mais la constatation que les hasards de la vie forcent parfois à la lucidité. Marie est-elle heureuse avec Jean ? Cette vie trop tranquille la comble-t-elle vraiment ? La rencontre d’un tout jeune homme qui lui laisse son numéro de téléphone va lentement faire basculer sa vie ordonnée et ordinaire vers les troubles de l’adultère. A l’image de nombreux personnages de Bourdouxhe, Marie est de prime abord accommodante, taiseuse et solitaire. Mais quels tourments intérieurs cache-t-elle ? Résignation ou fuite vers l’émancipation?... Dans l’atmosphère vaguement désuète du roman – et non dénuée de charme - se cache une jeune femme plus moderne qu’il n’y paraît à première vue. Et certes plus contemporaine que la tragique Elisa, l’héroïne de La Femme de Gilles, allégorie de l’abnégation et de la soumission. Sous ses dehors sages, Marie assume ses choix, compose le numéro de téléphone du jeune homme et franchit le pas de le revoir. « J’aurais pu attendre le hasard d’une rencontre, mais si je crois au miracle j’aime à être de connivence avec lui ». Pourtant Marie aime Jean.
Qui est vraiment Marie ? L’amante ? L’épouse ? A la recherche de Marie – une référence à Proust ? - explore les entrailles de l’âme humaine. Personnage en quête d’elle-même, Marie est du côté de la vie et veut retrouver, opiniâtrement, les promesses de l’adolescence. Où est passé le bonheur auquel elle croyait ? Si le livre ne présente pas une intrigue rapide, il consigne, par le biais d’une écriture du ressenti, le cheminement intérieur d’une âme en peine décidée à faire face.
A la recherche de Marie, Madeleine Bourdouxhe, Actes Sud, 158 p.
Le vacarme du monde
Entre les bruits, Belinda Cannone, Olivier, 269 pp.
12 mai 2009
Don Giovanni et Prague
Dans son nouveau roman, J.D. Baltassat explore Prague à deux époques différentes : en 2006, année du 250ième anniversaire de la naissance de Mozart et en 1787, année de la création du Don Giovanni. Au XVIIIe siècle, on suit les traces d’un Casanova vieillissant que l’opéra de Mozart insupporte parce qu’il croit s’y reconnaître. Il s’offusque qu’on le prenne pour un séducteur sans scrupule, violeur et assassin. Il tente de dissuader Mozart d’utiliser le livret de Da Ponte. Mais pour le compositeur, peu importe le texte, seule compte la musique. La critique viennoise aime l’offense et le crime : elle les aura, n’en déplaise au libertin.
En 2006, point de dragueur invétéré, quoi que !... Angus, fin connaisseur de Mozart et de Casanova, lorgne depuis sa fenêtre une jeune touriste en mal d’amour dont le joli minois l’attire. Baltassat tisse tout au long de cette éblouissante balade praguoise un subtil patchwork aux couleurs chatoyantes mêlant musique, amour et raffinement. L’écriture est protéiforme : les échanges épistoliers classiques alternent avec une écriture plus contemporaine où le pronom « on » prédomine de manière inédite. Aucun trouble de l’équilibre dans ce roman en miroirs dont la parfaite maîtrise donnerait presque le vertige…
L’Almanach des vertiges, Jean-Daniel Baltassat, Robert Laffont, 267 p.
(Article paru dans le Vif/L'Express du 8 mai 2009)