9 juil. 2014

Théorie de la vilaine petite fille, Hubert Haddad, Zulma





C’est toujours frappant de constater l’envergure romanesque des textes d’Hubert Haddad. Le dernier en date, Théorie de la vilaine petite fille n’y échappe pas : tout au long de ces 400 pages, on sent un souffle d’une grande intensité. Si on peut ne pas être sensible au spiritisme et à toutes ces théories scientistes d’une certaine Amérique du milieu du XIXe siècle, force est de constater l’érudition indéniable de ce panorama des sciences occultes. À signaler tout de même certaines circonlocutions qui alourdissent la lecture. Mais dans l’ensemble très bon roman avec une atmosphère habitée : « il se passe quelque chose » (n’est-ce pas ce qu’on demande à un roman ?).

6 juil. 2014

Son carnet rouge, Tatiana de Rosnay, Héloïse d’Ormesson




Dans Son carnet rouge, Tatiana de Rosnay propose onze nouvelles, traitant toutes de l’infidélité conjugale. Variation sur un même thème, tous les cas de figure y sont immanquablement passés à la loupe. Mêlant aspects cocasses et détails affreux, l’auteure fait réagir : le lecteur ne peut que s’identifier tantôt au trompé, tantôt au trompeur. Et ça fait froid dans le dos (ou rire effrontément…).

4 juil. 2014

Le Mur mitoyen, Catherine Leroux, Alto (Canada)





Dans certains romans, il arrive que l’on trouve des touches originales, des trouvailles un peu fantasques, des éléments qui sortent de l’ordinaire mais souvent les choses s’arrêtent là. Or dans Le mur mitoyen, non seulement il y a cette part d’inventivité et d’originalité - on est loin des autoroutes habituelles - mais il y a en outre un vrai travail d’écrivain, un réel talent de conteur qui nous font découvrir des chemins de traverses allant au cœur des choses. Derrière l’apparent vagabondage, tout est très construit. 
En refermant le roman, on est sous le charme parce que malgré la poésie qui affleure à chaque page, on reste ancré dans le réel. Le Mur mitoyen raconte au travers de différents points de vue une même grande obsession filiale, celle de vouloir à tout prix comprendre d’où l’on vient… Véritable coup de cœur pour ce roman choral !

Made in Mauritius, Amal Sewtohul, Gallimard, Continent noir (Ile Maurice)




Le roman du Mauricien Amal Sewtohul cristallise le passage de l’enfance à l’âge adulte. Le héros de Made in Mauritius grandit dans un conteneur dans la Chinatown de Port-Louis. Avec ses amis indiens, il passe ses journées à vagabonder dans les faubourgs de la capitale jusqu'à la fin des années de collège où chacun doit prendre sa vie en main. 
Amal Sewtohul décrit magnifiquement les rouages des relations humaines et souligne avec intelligence le rapport de force entre les êtres : personne n’évolue jamais seul, on se construit toujours en fonction des interactions qu’on a avec autrui. Grande finesse psychologique et belle énergie pour ce Prix des Cinq Continents amplement mérité.