Après le très remarqué Poulailler, Carlos Batista entre en piste avec un nouveau roman maîtrisé et passionnant. Rien pourtant de très original dans la thématique fictionnelle du triangle amoureux, ‘mari-femme-amant’, se dit-on. Mais c’est sans compter sur la virtuosité du jeune auteur français.
Sous le modèle du triptyque, Batista jongle avec les points de vue de ses personnages, empruntant pour l’occasion trois formes littéraires différentes : récit, journal intime et lettre. Chaque personnage raconte un pan de son histoire, de ses attentes, de ses illusions et désillusions. L’épouse joue les équilibristes entre l’amour sincère qu’elle voue à son mari homosexuel et la relation passagère - et purement charnelle - qu’elle entretient avec un amant de 15 ans son cadet. A défaut de révéler au grand jour son homosexualité, le mari, lui, préfère la fuite. Quant au jeune coiffeur, amoureux de la grande bourgeoise, il se débat dans un jeu de dupes social. A force de se contorsionner pour combler une insatisfaction qui affleure à chaque page, ces trois naufragés de l’amour présentent des figures de clowns tristes incapables de se comprendre. Les quiproquos abondent et effritent les relations. Roman sur l’incommunicabilité entre les êtres ? Sur la complexité de faire coller sa propre perception de l’amour à celle d’autrui ? L’auteur nous convie à un son et lumière autour de la difficulté de la passion amoureuse. Un spectacle orchestré de main de maître !…
L’Envers amoureux, Carlos Batista, Albin Michel, 240 p. (Article paru dans le Vif/L'Express du 22 mai 2009)
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