Est-ce utopique de vouloir réaliser ses rêves d’enfant ? Sommes-nous un frein à notre propre bonheur ? D’un bout à l’autre des 400 merveilleuses pages de son dernier roman, La Peur du paradis, Vincent Engel explore ces questions lancinantes. Basilio et Lucia sont deux enfants du petit village de San Nidro, à l’extrême sud des Pouilles. Paradis perdu, éloigné du brouhaha du monde : loin de la montée du fascisme et de la civilisation des villes. Lucia est une fille de la forêt, une sorte de prêtresse des bois. Elle passe ses journées à caresser les troncs d’arbres, à déchiffrer les signes de la nature et à bavarder avec son jeune ami Basilio. Lui aussi est un brin marginal : orphelin de père, solitaire et introverti, il ne côtoie pas les garçons de son âge. Très attachés l’un à l’autre, Basilio et Lucia se font le serment de ne jamais quitter San Nidro. Seulement la vie sème ses embûches. En obéissant à une autre promesse, Basilio attire sur eux les foudres du prêtre Rosario et du commissaire Forza. Lucia est arrachée au village et placée dans un orphelinat de Bari, loin de San Nidro. Commence alors pour Basilio une longue quête faite de rendez-vous manqués, qui durera toute sa vie, pour retrouver Lucia et suivre leur engagement.
Doit-on faire fi des accommodements auxquels les autres nous poussent, quitte à être détachés à tout jamais de la vraie vie ? Faut-il renoncer à ses rêves ou au contraire refuser d’en faire le deuil ? N’y a-t-il que cette solution : sombrer dans la folie pour respecter ses serments ? Avant toute chose, c’est la question de l’intégrité qui est posée dans ce magnifique roman à la fois lyrique et poignant. Si Basilio opère parfois les mauvais choix comme lorsqu’il intègre les faisceaux de combat, c’est toujours par amour et en gardant intacte sa probité.
Vincent Engel mêle subtilement les destinées individuelles au tumulte historique – en relatant entre autres l’atroce campagne d’Abyssinie à laquelle le médecin Pollini – un des personnages secondaires les plus réussis - est obligé de participer. Tout fait sens dans ce roman envoûtant d’où on sort grandi de savoir que quelques êtres purs et lumineux gardent intacts leurs rêves d’amour et de bonheur, et refusent de suivre la horde des humains tristes et serviles qui hantent les pages noires de l’Histoire. Tout n’est donc pas perdu…
La peur du paradis, Vincent Engel, Lattès, 403 p.
Doit-on faire fi des accommodements auxquels les autres nous poussent, quitte à être détachés à tout jamais de la vraie vie ? Faut-il renoncer à ses rêves ou au contraire refuser d’en faire le deuil ? N’y a-t-il que cette solution : sombrer dans la folie pour respecter ses serments ? Avant toute chose, c’est la question de l’intégrité qui est posée dans ce magnifique roman à la fois lyrique et poignant. Si Basilio opère parfois les mauvais choix comme lorsqu’il intègre les faisceaux de combat, c’est toujours par amour et en gardant intacte sa probité.
Vincent Engel mêle subtilement les destinées individuelles au tumulte historique – en relatant entre autres l’atroce campagne d’Abyssinie à laquelle le médecin Pollini – un des personnages secondaires les plus réussis - est obligé de participer. Tout fait sens dans ce roman envoûtant d’où on sort grandi de savoir que quelques êtres purs et lumineux gardent intacts leurs rêves d’amour et de bonheur, et refusent de suivre la horde des humains tristes et serviles qui hantent les pages noires de l’Histoire. Tout n’est donc pas perdu…
La peur du paradis, Vincent Engel, Lattès, 403 p.
(Article paru dans Le Vif/L'Express du 15 mai 2009)
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