Personne n’avait beaucoup de respect pour le "Labor Leader". Ne voyez pas dans cette phrase une allusion politique quelconque, puisqu’elle ouvre une des plus belles nouvelles du recueil de Richard Yates, Onze histoires de solitude. Considéré aux Etats-Unis comme un des grands romanciers des années 50 et 60, il a enfin acquis une certaine notoriété chez nous grâce au beau film, Les Noces rebelles, que Sam Mendès a tiré de son roman (également réédité) La Fenêtre panoramique.Les onze nouvelles du recueil explorent la middle classe américaine de l’époque. Les incompris, les malchanceux, ceux dont la vie n’a pas tourné comme ils en rêvaient. Malgré ce thème, la plume de Yates, vive et enlevée, coupe tout effet sinistre. L’auteur rend compte avec tendresse et lucidité des fêlures de ses personnages, hissant au premier rang l’art de dire les choses par l’effleurement. Que ce soit à l’école, dans l’armée ou dans le huis clos du couple, Yates s’interroge sur la solitude et le rejet. Il procède avec détachement mettant en relief des personnages singuliers dans un contexte particulier sans tirer aucune leçon. Onze histoires douces amères, onze pans de vie teintés de regrets ou d’amertume, onze récits qui atteignent à l’essence des êtres.
Onze histoires de solitude, Richard Yates, traduit de l’américain par Jean Rosenthal, Pavillons poche, 364 p. (Article publié dans le Vif/L'Express du 19 juin 09)
Onze histoires de solitude, Richard Yates, traduit de l’américain par Jean Rosenthal, Pavillons poche, 364 p. (Article publié dans le Vif/L'Express du 19 juin 09)
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