Vite, rattrapez votre retard si vous n’avez pas encore lu La Pluie, avant qu’elle tombe. Coup de cœur assuré pour le dernier roman sorti en poche de Jonathan Coe. L’auteur britannique nous a habitués à de grands moments littéraires mais là il se surclasse avec un roman plus grave et plus féminin. A ce titre, c’est avec maîtrise qu’il se met dans la peau d’une narratrice, l’attachante Rosamond. Il sonde le désamour maternel de génération en génération, et ses implications psychologiques sur chaque destinée.
Rosamond laisse à sa mort vingt photographies et des cassettes qui les décrivent, le tout destiné à une jeune femme aveugle, Imogen. Gill, la nièce de Rosamond et par ailleurs son exécutrice testamentaire, doit retrouver Imogen et lui confier les cassettes sans savoir au juste quel est le lien qui unit les deux femmes, Ne parvenant pas à trouver trace d’elle, Gill et ses filles écoutent le testament de Rosamond et découvrent sa vie. Elles entrevoient petit à petit les destinées de trois mères incapables d’aimer leur fille.
Découpé en autant de chapitres que de photos, le roman offre une structure très balisée qui paradoxalement permet à un grand souffle passionnel (sentimental, romanesque, appelez cela comme vous voulez) de se déployer. Richesse sensorielle aussi (sons, odeurs et images sont décrits avec minutie) et subtilité narrative font de ce douloureux et tendre roman une attaque douce contre ce qui peut arriver de pire dans les relations humaines : l’indifférence.
La Pluie, avant qu’elle tombe, Jonathan Coe, traduit de l’anglais par Serge Chaumin et Djamila Chauvin, Folio, avril 2010, 267 p.
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