Les Eaux amères, Armel Job, Robert Laffont, 276 p.
L’«assuétude», la «dépendance» ou l’ «addiction» (un anglicisme dont on n’a pas réellement besoin puisqu’on lui connaît au moins deux synonymes français) désignent un comportement qui repose sur une envie répétée et irrépressible « en dépit des efforts du sujet pour s’y soustraire ». On peut avoir une assuétude au chocolat ou une dépendance à l’héroïne. Pour ma part, c’est aux héroïnes (et héros) des romans d’Armel Job que je ne résiste pas.
Pourtant le titre du dernier né, Les Eaux amères, laisse perplexe et n’attire pas forcément d’entrée de jeu. Mais il suffit d’ouvrir la porte, de jeter un œil furtif aux premières phrases et vous voilà embarqué pour plusieurs heures d’isolement social et de repli (sur soi et sur les êtres de papier), qui vous rendent problématique le retour à une vie libre (toujours cette accoutumance…).
Quincaillier de son état et marié à la jolie et estimée Esther, Bram (alias Abraham Steinberg) reçoit une mystérieuse lettre anonyme qui sème le doute sur la fidélité de sa femme. Le ver est dans le fruit. Bram se ronge et s’interroge : se pourrait-il que sa femme le trompe ? Après moult hésitations, Bram se rend à Anvers chez un rabbin. Lequel lui conseille de faire boire à sa femme la potion des « eaux amères » qui devrait lui révéler si Esther lui est fidèle ou non...
Selon son habitude, Armel Job mêle adroitement intrigue à rebondissements et analyse des sentiments humains. Quand le secret s’installe au sein des couples, quand le silence l’emporte sur la communication, tout peut advenir, le pire comme le meilleur… Armel Job est un écrivain roublard : il distille l’information au compte-goutte, il nous donne le point de vue du seul Abraham pendant les trois-quarts du roman – le pauvre Bram avec qui on ne peut s’empêcher de conjecturer. La parole ne sera finalement donnée à Esther, à Véra et à Willibrord que bien tard - ruse de l’écrivain grand architecte de son œuvre.
Comme souvent avec Armel Job, le roman est à l’image d’un millefeuille : différentes couches recelant chacune une part de vérité, et qui se cachent en partie les unes les autres. Le potentiel adultère et la vie du quartier de Mormédy dissimulent les nombreux fantômes enfouis dans les entrailles du souvenir de Bram. Il a perdu son père, sa mère et sa jeune sœur lors de la déportation. Sauvé de justesse, il vit avec le spectre de sa famille disparue et tente vaille que vaille de l’escamoter à ses proches. Les Eaux amères traite des secrets qui sont légions dans les familles. En lisant le roman, on pense à la phrase de Malraux : « La vérité d’un homme c’est d’abord ce qu’il cache ». Les cachotteries des uns et des autres ramèneront, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la quiétude dans les foyers. Chacun son métier (son silence…) et les vaches seront bien gardées.
Voilà ! La messe est dite, et ma période de sevrage commence… dans l’attente désespérée du prochain roman d’Armel Job.
L’«assuétude», la «dépendance» ou l’ «addiction» (un anglicisme dont on n’a pas réellement besoin puisqu’on lui connaît au moins deux synonymes français) désignent un comportement qui repose sur une envie répétée et irrépressible « en dépit des efforts du sujet pour s’y soustraire ». On peut avoir une assuétude au chocolat ou une dépendance à l’héroïne. Pour ma part, c’est aux héroïnes (et héros) des romans d’Armel Job que je ne résiste pas.
Pourtant le titre du dernier né, Les Eaux amères, laisse perplexe et n’attire pas forcément d’entrée de jeu. Mais il suffit d’ouvrir la porte, de jeter un œil furtif aux premières phrases et vous voilà embarqué pour plusieurs heures d’isolement social et de repli (sur soi et sur les êtres de papier), qui vous rendent problématique le retour à une vie libre (toujours cette accoutumance…).
Quincaillier de son état et marié à la jolie et estimée Esther, Bram (alias Abraham Steinberg) reçoit une mystérieuse lettre anonyme qui sème le doute sur la fidélité de sa femme. Le ver est dans le fruit. Bram se ronge et s’interroge : se pourrait-il que sa femme le trompe ? Après moult hésitations, Bram se rend à Anvers chez un rabbin. Lequel lui conseille de faire boire à sa femme la potion des « eaux amères » qui devrait lui révéler si Esther lui est fidèle ou non...
Selon son habitude, Armel Job mêle adroitement intrigue à rebondissements et analyse des sentiments humains. Quand le secret s’installe au sein des couples, quand le silence l’emporte sur la communication, tout peut advenir, le pire comme le meilleur… Armel Job est un écrivain roublard : il distille l’information au compte-goutte, il nous donne le point de vue du seul Abraham pendant les trois-quarts du roman – le pauvre Bram avec qui on ne peut s’empêcher de conjecturer. La parole ne sera finalement donnée à Esther, à Véra et à Willibrord que bien tard - ruse de l’écrivain grand architecte de son œuvre.
Comme souvent avec Armel Job, le roman est à l’image d’un millefeuille : différentes couches recelant chacune une part de vérité, et qui se cachent en partie les unes les autres. Le potentiel adultère et la vie du quartier de Mormédy dissimulent les nombreux fantômes enfouis dans les entrailles du souvenir de Bram. Il a perdu son père, sa mère et sa jeune sœur lors de la déportation. Sauvé de justesse, il vit avec le spectre de sa famille disparue et tente vaille que vaille de l’escamoter à ses proches. Les Eaux amères traite des secrets qui sont légions dans les familles. En lisant le roman, on pense à la phrase de Malraux : « La vérité d’un homme c’est d’abord ce qu’il cache ». Les cachotteries des uns et des autres ramèneront, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la quiétude dans les foyers. Chacun son métier (son silence…) et les vaches seront bien gardées.
Voilà ! La messe est dite, et ma période de sevrage commence… dans l’attente désespérée du prochain roman d’Armel Job.
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