Charly 9, Jean Teulé, Julliard, 232 p.
À maintes occasions, Jean Teulé a trahi son penchant pour les figures historiques. On lui doit notamment Ô Verlaine !, Je, François Villon ou encore Le Montespan. Sa marque de fabrique : une écriture pour le moins controversée, alliant préciosité et vulgarité. Les romans de Teulé ne font pas nécessairement l’unanimité : certains qualifient son langage d’ordurier et de cru. Pourtant une fois admise cette incontestable rudesse dans le propos, Jean Teulé séduit par son esprit et le rythme endiablé qu’il insuffle à ses histoires. Charly 9 ne fait pas exception à la règle. Teulé choisit pour héros le soixante et unième roi de France, Charles IX (rebaptisé avec un brin de provocation Charly 9). Dans les premières pages du récit, le souverain reçoit son Conseil, il a l’allure d’« un gentil garçon semblant à peine sorti de l’adolescence », il est « loyal, franc, ouvert de cœur » et d’un « naturel aimable et ayant de bonnes dispositions ». Le problème majeur pour la France c’est qu’il est très jeune (22 ans) et terriblement influençable. Selon Teulé, Charles IX est conseillé par des êtres dénués de tout scrupule : sa mère Catherine de Médicis et le petit chouchou de celle-ci, son second fils, Henri d’Anjou. Le pauvre Charles IX est acculé à capituler devant le chantage affectif de Catherine et de Henri. On lui ment (les protestants ourdiraient un complot contre la famille royale) et on le force à ordonner la Saint-Barthélemy (en la funeste nuit du 24 août 1572). Boucherie qui fera des milliers de morts parmi les nombreux huguenots que compte le royaume (dont son conseiller et père spirituel, l’amiral Gaspard de Coligny). Grand Massacre dont le roi se relèvera à moitié fou. De santé psychique fragile, Charles IX sombre dans une culpabilité dévorante, il est sujet à des hallucinations qui l’entraînent dans des actes de démence sanguinaire, contrebalancés par des moments de grande lucidité sur son état et sur les crimes qu’il a commis. Pour oublier son mal, il se réfugie dans la chasse (où il jubile perversement en abattant le gibier), et fuit de plus en plus ses devoirs de souverain. Lorsque le temps ne permet pas la battue en forêt, c’est dans les salons d’apparat du Louvres qu’il traque le cerf, faisant des dégâts considérables et épouvantant à juste titre ses sujets.
Après cette terrible Saint-Barthélemy, plein de bonnes intentions, Charles IX commet malheureusement gaffe sur gaffe. En premier lieu, il déplace la date du début de l’année : anciennement fêté autour du 1er avril, le nouvel an a dorénavant lieu à date fixe le 1er janvier. Ce changement occasionne de nombreux décès parmi les Français : la population continue en effet à porter des habits de fête printaniers (adéquats le 1er avril mais bien trop légers le 1er janvier), ce qui entraîne pneumonies et fluxions de poitrine en nombre. Le roi a beau s’en désoler, il va encore ternir son image de marque en offrant le 1er mai des muguets à ses sujets en guise de porte-bonheur. Les Parisiens ont la mauvaise idée d’imiter le roi qui ne boit que de l’eau où trempent des fleurs. Pas de chance et nouvelle hécatombe : le muguet, proche de la digitaline, est extrêmement toxique. Le roi joue de malchance.
Faisant face à une France de plus en plus ruinée et fâchée, Charles IX doit aussi se défier de son cadet, le difforme François d’Alençon, qui fonde le parti des Malcontents et qui brigue le trône. Dès 1573, le roi souffre d’hémorragie cutanée (il transpire du sang) et est de plus en plus faible. Plusieurs membres de la cour soupçonnent un empoisonnement. Catherine de Médicis tenterait de hâter la mort de Charles pour placer sur le trône son fils favori, Henri (futur Henri III) en s’arrangeant pour écarter le cadet François. Le 30 mai 1574 Charles IX succombe à ses maux. Pour faire taire les rumeurs, sa mère autorise pour la première fois dans l’histoire de France l’autopsie du roi. Selon Jean Teulé, Ambroise Paré n’est pas disert sur la question et les choses en restent là. L’auteur prend un malin plaisir à laisser subrepticement planer le doute… Nous n’en saurons pas plus.
Malgré un règne calamiteux, Teulé parvient à nous rendre Charles IX attachant. Lorsque sa santé mentale le lui permet, le souverain a conscience d’être un mauvais roi; il regrette âprement ses choix (qui sont pourtant le fait des pousse-au-crime qui l’entourent). En refermant le roman, on ne peut que conclure à la dégénérescence de certains Valois. Il faudra attendre 1589 pour qu’avec Henri le Béarnais (Henri IV), le beau-frère de Charles IX, un sang nouveau (celui des Bourbons) irrigue la monarchie française. Le roi est mort, vive le roi !
À maintes occasions, Jean Teulé a trahi son penchant pour les figures historiques. On lui doit notamment Ô Verlaine !, Je, François Villon ou encore Le Montespan. Sa marque de fabrique : une écriture pour le moins controversée, alliant préciosité et vulgarité. Les romans de Teulé ne font pas nécessairement l’unanimité : certains qualifient son langage d’ordurier et de cru. Pourtant une fois admise cette incontestable rudesse dans le propos, Jean Teulé séduit par son esprit et le rythme endiablé qu’il insuffle à ses histoires. Charly 9 ne fait pas exception à la règle. Teulé choisit pour héros le soixante et unième roi de France, Charles IX (rebaptisé avec un brin de provocation Charly 9). Dans les premières pages du récit, le souverain reçoit son Conseil, il a l’allure d’« un gentil garçon semblant à peine sorti de l’adolescence », il est « loyal, franc, ouvert de cœur » et d’un « naturel aimable et ayant de bonnes dispositions ». Le problème majeur pour la France c’est qu’il est très jeune (22 ans) et terriblement influençable. Selon Teulé, Charles IX est conseillé par des êtres dénués de tout scrupule : sa mère Catherine de Médicis et le petit chouchou de celle-ci, son second fils, Henri d’Anjou. Le pauvre Charles IX est acculé à capituler devant le chantage affectif de Catherine et de Henri. On lui ment (les protestants ourdiraient un complot contre la famille royale) et on le force à ordonner la Saint-Barthélemy (en la funeste nuit du 24 août 1572). Boucherie qui fera des milliers de morts parmi les nombreux huguenots que compte le royaume (dont son conseiller et père spirituel, l’amiral Gaspard de Coligny). Grand Massacre dont le roi se relèvera à moitié fou. De santé psychique fragile, Charles IX sombre dans une culpabilité dévorante, il est sujet à des hallucinations qui l’entraînent dans des actes de démence sanguinaire, contrebalancés par des moments de grande lucidité sur son état et sur les crimes qu’il a commis. Pour oublier son mal, il se réfugie dans la chasse (où il jubile perversement en abattant le gibier), et fuit de plus en plus ses devoirs de souverain. Lorsque le temps ne permet pas la battue en forêt, c’est dans les salons d’apparat du Louvres qu’il traque le cerf, faisant des dégâts considérables et épouvantant à juste titre ses sujets.
Après cette terrible Saint-Barthélemy, plein de bonnes intentions, Charles IX commet malheureusement gaffe sur gaffe. En premier lieu, il déplace la date du début de l’année : anciennement fêté autour du 1er avril, le nouvel an a dorénavant lieu à date fixe le 1er janvier. Ce changement occasionne de nombreux décès parmi les Français : la population continue en effet à porter des habits de fête printaniers (adéquats le 1er avril mais bien trop légers le 1er janvier), ce qui entraîne pneumonies et fluxions de poitrine en nombre. Le roi a beau s’en désoler, il va encore ternir son image de marque en offrant le 1er mai des muguets à ses sujets en guise de porte-bonheur. Les Parisiens ont la mauvaise idée d’imiter le roi qui ne boit que de l’eau où trempent des fleurs. Pas de chance et nouvelle hécatombe : le muguet, proche de la digitaline, est extrêmement toxique. Le roi joue de malchance.
Faisant face à une France de plus en plus ruinée et fâchée, Charles IX doit aussi se défier de son cadet, le difforme François d’Alençon, qui fonde le parti des Malcontents et qui brigue le trône. Dès 1573, le roi souffre d’hémorragie cutanée (il transpire du sang) et est de plus en plus faible. Plusieurs membres de la cour soupçonnent un empoisonnement. Catherine de Médicis tenterait de hâter la mort de Charles pour placer sur le trône son fils favori, Henri (futur Henri III) en s’arrangeant pour écarter le cadet François. Le 30 mai 1574 Charles IX succombe à ses maux. Pour faire taire les rumeurs, sa mère autorise pour la première fois dans l’histoire de France l’autopsie du roi. Selon Jean Teulé, Ambroise Paré n’est pas disert sur la question et les choses en restent là. L’auteur prend un malin plaisir à laisser subrepticement planer le doute… Nous n’en saurons pas plus.
Malgré un règne calamiteux, Teulé parvient à nous rendre Charles IX attachant. Lorsque sa santé mentale le lui permet, le souverain a conscience d’être un mauvais roi; il regrette âprement ses choix (qui sont pourtant le fait des pousse-au-crime qui l’entourent). En refermant le roman, on ne peut que conclure à la dégénérescence de certains Valois. Il faudra attendre 1589 pour qu’avec Henri le Béarnais (Henri IV), le beau-frère de Charles IX, un sang nouveau (celui des Bourbons) irrigue la monarchie française. Le roi est mort, vive le roi !
"En refermant le roman, on ne peut que conclure à la dégénérescence des Valois."
RépondreSupprimerCa tient du délire et de propagandes (ourdies par les protestants et les catholiques de l'époque. Pourquoi ? parce que les Valois mettaient en place une politique de la tolérance qui n'était pas assez pour les uns et trop pour les autres...) qui n'ont plus lieu d'être depuis... allez... un siècle. Henri III fut un grand roi (bien plus grand que son successeur qui ne fut qu'un opportuniste soutenu par une propagande développée après sa mort. Il fut par exemple détesté de son peuple) et Catherine de Médicis fut une figure marquante (positivement) de notre Histoire. Lisez des vrais bouquins, pas des succédanés de vieilles lunes maintes fois rebâchées et maintenant à juste titre démontées.