Fantaisie, vivacité et lucidité donnent le ton du nouveau recueil de Stefano Benni. Auteur d’une dizaine de livres traduits en français - dont le délicieux Margherita Dolcevita -, Benni compose ici en virtuose une partition à plusieurs voix réunissant 25 nouvelles déjantées et pétillantes. Chaque personnage chante la vie à sa manière (déchante parfois aussi) et nous convie à une drôle de danse où le cocasse côtoie l’immonde. Très doué, Benni parvient, en deux ou trois pages, à orchestrer des univers cohérents, denses et imagés où les chiens sont fidèles jusque dans la mort, où les ogres ne sont pas qui l’on croyait et où le gsm fait croire au bonheur. L’écriture évite les fioritures inutiles pour aller à l’essentiel, le tempo est allègre, les trouvailles délicieuses. Mais derrière cette joyeuse énergie, on sent poindre la perspicacité de l’auteur : la solitude guette, l’amertume n’est pas loin. Le recueil de Benni c’est « l’Eté » de Vivaldi mais c’est aussi « l’Air du Froid » de Purcell. Et ce mélange détonnant résonne longtemps après avoir refermé le recueil.
La Grammaire de Dieu: histoires de solitude et d'allégresse, Stefano Benni, traduit de l’italien, Actes Sud, 259 pp.
La Grammaire de Dieu: histoires de solitude et d'allégresse, Stefano Benni, traduit de l’italien, Actes Sud, 259 pp.
(Article paru dans le Vif/l'Express du 10 avril 2009)
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